La machine s'arrête
CREDITS
© 2020/21 Andrew Forster
La machine s'arrête, vidéo 40 min.
production : La compagnie andré forestier, Montréal
texte adapté de :
The Machine Stops de E. M. Forster (1909) & Mise au point de Le Corbusier (1965)
enregistré à Chandigarh, Inde, 2017
performance de Fawas Ameer Hamsa
voix de Le Corbusier - Ingrid Vallus
voix de Vashti (anglais) - K. Handysides
voix de Vashti (français) - Magali Stoll
son de la machine - Nik Forrest
Extraits de The Machine Stops utilisés avec l’aimable autorisation de Peters Fraser & Dunlop au nom de la succession de E. M. Forster. Traduction français : Magali Stoll. Andrew Forster remercie Seema Gera, conservatrice adjointe au Government Museum and Art Gallery, à Chandigarh ainsi que l’office du tourisme de Chandigarh pour l’accès au complexe du Capitole. Il remercie également Monique Romeiko et Suzanne Miller pour leur soutien créatif à Chandigarh. Financé par la Fondation André Forestier. Fonds supplémentaires pour les épisodes web pandémiques (2020) : bourses de développement professionnel de l’APTPUC (CUPFA), Université Concordia.
Andrew Forster web: www.reluctant.ca --- contact: info(a)andreforestier.ca
SE RELIER À LA NATURE EN JUNKTIME
Parabole sur la fin du monde avec libretto adapté de E. M. Forster et décor de Le Corbusier. Filmée sur place à Chandigarh, en Inde. Cette collision narrative entre une histoire écrite en 1909 et une ville utopique construite en 1960 se transforme en réflexion sur l’opposition imaginaire entre un monde fabriqué et la nature. Ce conflit entre architecture et nature s’inscrit dans la crise actuelle mettant en question la survie d’un monde façonné par l’humain. Le pessimisme humaniste de E. M. Forster fait de la résistance à la machine une entreprise héroïque, qui puise à la source cohérente ou au réconfort que constituent l’idéal de nature et le corps. Dans cet ouvrage de 2020, la nostalgie de Forster pour un état de nature arcadien (un fantasme colonial) se transforme en énigme contemporaine : il n’existe plus ni « nature » extérieure où se réfugier, ni corps cohérent revendiqué comme primal. Porteur du récit, un seul personnage parcourt sans relâche les espaces intérieurs et extérieurs d’un paysage moderniste vide. La voix off est un amalgame de textes d’E. M. Forster et de Le Corbusier. La machine s'arrête comporte trois versions : 1) une installation vidéo à deux écrans avec un élément sculptural reproduisant le podium situé dans la « Trench of Consideration » à Chandigarh ; 2) une série web temporaire de sept épisodes dévoilés en 2020; 3) Une vidéo de 40 min.
En 1909, E. M. Forster publie un récit dystopique intitulé The Machine Stops, qui décrit un monde pouvant sembler contemporain. Les gens vivent dans l’isolement. La surface de la Terre n’est plus habitable. L’humanité s’est repliée dans un sous-sol à la fine pointe technologique, relié à une machine centrale, qui comble tous les besoins biologiques et sociaux. Des écrans portatifs transmettent des images sombres mais suffisantes, et des tubes d’écoute distribuent le son. Kuno a enfreint les règles. Il est remonté à la surface de la Terre en quête d’une vie authentique, au-delà de la machine, dans la nature. À l’ère du junkspace (terme inventé par l’architecte Rem Koolhaas), comment personnifier de façon plus éloquente les nouvelles conditions de crise qui sont les nôtres (où corps et machine ne font qu’un)?
La machine s’arrête a pour cadre le complexe du Capitole, monument moderniste de Le Corbusier. Chandigarh est une ville inventée dans les années 50 : idéal d’art et de design en tant qu’action socialement transformatrice. Nehru, premier ministre de l’Inde, imagine une ville symboliquement moderne et non coloniale comme capitale du Punjab indien. Des architectes indiens et occidentaux, le plus célèbre étant Le Corbusier, conçoivent alors une ville utopique à partir de rien. Le complexe du Capitole, considéré comme un monument du design moderne (classé au patrimoine mondial de l’UNESCO), est le lieu d’une performance vidéo, exploration de l’espace conceptuel et esthétique, ou espace-design, du modernisme postcolonial et de la mondialisation. L’élément chorégraphique principal est constitué d’un seul personnage qui arpente les places, les rampes et les intérieurs de Chandigarh, articulant espace architectural et mouvement. Se trouve au cœur de La machine s’arrête, la convention filmique d’une pérégrination, dont le site est à la fois espace réel, mais aussi image iconique ou artéfact au sein du canon de l’art et de l’architecture modernes. (ANDREW FORSTER)